Bonjour ! Aujourd’hui nous interrogeons Tristan qui travaille chez le transporteur Rodis. Il nous livre aujourd’hui sa vision du transport.

 

Je m’appelle Tristan, j’ai 23 ans et ça fait 3 ans que je suis chez Rodis. Je suis exploitant des départs navette au départ du 38 pour toute la France. J’assure le suivi de livraison, la saisie et aussi la gestion des livraisons sur le département du 42.

 

Pour faire ce travail, j’ai fait un “Bac Pro Logistique” et un BTS transport et j’ai fini en faisant un Bac + 3 Transport. Depuis la troisième je savais que je voulais travailler dans le transport avec la crise économique et le développement du commerce international et de la vente en ligne. 

 

C’est un beau parcours en effet ! Quel aspect du transport vous plaît particulièrement ? 

 

Ce qui me plaît ? C’est qu’on se sent utile au quotidien. Mais ce qui me fait le plus plaisir, c’est d’appeler un particulier, de lui dire qu’il est livré et d’avoir un “Merci”.

 

C’est vrai que se rendre utile c’est gratifiant. Et si vous deviez me donner les défis auxquels la profession est ou va être confrontée ? Lesquels seraient-ils ?

 

Ça serait surtout les des délais de livraisons trop raccourcis : les clients veulent être livrés le lendemain. Ils ne comprennent pas qu’un transport de marchandise peut prendre du temps. Les gens sont de plus en plus exigeants à cause d’Amazon-Prime qui sait expédier pour être livré le lendemain. 

Il y a aussi les clients inflexibles sur ces délais de livraisons. Ils veulent toujours aller au plus court. Par exemple, pour livrer dans le 29 il nous faut 72 heures parce que c’est l’opposé de la France. On a un réseau à taille humaine et une seule agence dans le 38.

 

Oui les clients n’ont pas la réalité du terrain pour comprendre. Et si quelque chose était à changer, j’imagine que ce problème de délais en ferait partie mais que souhaiteriez-vous changer d’autre ?

 

Les délais de livraisons ! Que les clients soient plus flexibles. Et les embouteillages pour livrer plus rapidement. 

 

Il y a aussi les taxes sur le gasoil et les temps de conduite limités mais ça dépends de facteurs humains ou d’autres personnes et ça serait difficile de les changer.

 

Mais en même temps, si on changeait quelque chose dans le métier ça lui enlèverait son charme, parce que chaque jour est différent avec ses joies et ses soucis.

 

Ça serait bien différent en effet ! Si vous deviez conseiller un jeune qui souhaiterait se lancer dans ce métier, qu’est-ce que vous lui diriez ?

Je lui dirais de ne pas se laisser marcher dessus. Quelques fois on a à faire à des clients “tatillons” qui nous prennent pour des esclaves et il faut savoir les recadrer.

 

Je leur dirais aussi qu’il faut faire des études parce qu’en vrai la manutention, ça abîme. Il y a des personnes sur le quai qui sont âgées avec des problèmes de dos et qui doivent se faire opérer. Donc je leur dirais de faire au moins un bac+3.

 

Je rajouterais que dans ce métier il faut rester humble et avoir un bon sens de l’humour. 

 

Des précieux conseils pour eux ! Avant de conclure, j’aimerais aborder avec vous les routiers et la période sanitaire. Pensez-vous que les routiers ont été estimés à leur juste valeur ?

 

C’est facile ! Il n’y a qu’ à regarder les rayons de papier toilettes vides et les producteurs de gel hydroalcoolique. On en transportait dans toute la France. Pour la petite histoire, on a évité une grève à Auchan Saint-Priest à cause des employés qui refusaient de travailler sans gel hydroalcoolique. On a livré 3 cuves de 1000 litres de gel et on est passé devant les autres camions qui venaient livrer le magasin. 

 

Des chauffeurs m’ont dit lors du premier confinement que dans le 38 notamment, les gens applaudissaient. Cependant, des mouvements de routiers ont été créés parce que plusieurs ne se sentaient pas pris en compte.

 

Donc il y en a qui se sont senti valorisés et d’autres qui n’ont rien vu évoluer. Vous pensez que le secteur a souffert de cette crise ?

 

Oui et non ! Ça l’a abimé et il y en a qui se sont plantés. Certaines entreprises ont même déposé le bilan et d’autres ont pris un sacré coup. Chez Rodis, concrètement, certaines TPE plantées ont été obligées de fusionner avec des PME aux reins plus solides pour survivre. 

 

Cette interview est maintenant terminée, un grand merci Tristan d’avoir répondu à nos questions. A bientôt chers lecteurs pour une nouvelle interview !